L’exode numérique


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La France a déjà surmonté le bouleversement de ce qui semblait constituer le socle même de son identité. La France agricole du XIXe Siècle s’est recomposée en quelques décennies, à travers un exode rural qui s’est poursuivi jusque dans les années 1970. Et si notre identité reste fortement marquée par cette histoire agricole, territoriale, rurale et patrimoniale, il n’en demeure pas moins qu’en moins de 50 ans, 5 millions d’emplois ont été détruits dans le secteur primaire, mais bien plus encore ont été créés dans l’industrie, loin des campagnes, des vallées et des montagnes….

S’amorce aujourd’hui un « exode numérique » qui va également détruire des millions d’emplois et permettre d’en faire naître de nouveaux. Comme l’exode rural, c’est un mouvement à la fois inquiétant et porteur de promesses. Comme l’exode rural, il se joue des cadres économiques et sociaux habituels : alors apparurent les grandes industries, les syndicats ou les zones urbaines ; aujourd’hui se dessine une économie du partage, l’essor du travail indépendant et l’angoisse d’un nouveau « pronétariat ». Comme lors de la révolution industrielle, l’avenir appartient aux nations qui seront les leaders de cette modernité.

Dans cette note publiée à la Fondapol, nous avons voulu proposer avec Henri Verdier une approche très concrète de cette mutation. Grâce à l’expérience accumulée par les startups d’état depuis 2013, nous dessinons une réforme actionnable, qui fera de la puissance publique le catalyseur d’innovations portées par ses propres agents.

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Révolution de la confiance pour nos organisations hiérarchiques encore cramponnées aux moeurs délétères du diviser et du contrôler, révolution du « coût marginal 0 » qui va polariser l’activité humaine sur la créativité, le social, et l’artisanal : notre réforme peut galvaniser une génération d’intrapreneurs de la fonction publique et émanciper une foule de contributeurs qui créeront des milliers de filières simplifiées, soulageant des millions de français et dégageant d’énormes gains d’efficacité.

La traversée du désert est devant nous. Elle demandera à l’État d’accueillir en son sein de nouveaux profils, d’apprendre à travailler autrement, de repenser même sa manière d’intervenir dans la vie économique et sociale. Mais la terre promise est en vue : l’exil de millions de salariés dépossédés du sens de leur travail est engagé. Mais un nouveau pari de la confiance est possible. Il est même à portée de main.

Très bonne lecture…

3 réponses à « L’exode numérique »

  1. Bonjour,

    votre travail est remarquable, et votre vision tout a fait souhaitable.

    MAIS : je travaille dans un ministère depuis 14 ans et je peux vous dire que cette vision n’est pas prête de se réaliser au delà de quelques hackathons ou leurres de type « lab ».

    La fonction publique est tenue par une armée de cadre qui tient sa légitimité du droit et non de la compétence dure ou molle : nous leur devons des postes par le droit que donne un concours passé il y a plus ou moins longtemps, et qui est sensé marquer la supériorité à décider et à penser de certains par rapport à d’autres.

    Anecdote : lors de la vague de déprécarisation, mes collègues informaticiens se sont vus proposés une reprise à moitié de leur ancienneté (ils n’avaient donc rien fait 50% du temps), humiliés pendant les phases de formation (une fois que vous aurez le concours vous ferez vraiment partie du ministère), et in fine, une fois titularisés, refusés les primes informatiques que ce soit chef de projet ou analyste.
    Ils avaient été recruté comme expert technique en informatique …. Alors c’est qui les chefs ? Hein ?

    On leur a donné un peu du droit du concours mais pas tout parce qu’ils ont pris le train en route.

    Cette armée luttera de toute ses forces pour ne jamais laisser émerger une classe d’intrapreneur.

    D’une part, parce que cette caste n’a bien souvent plus aucune compétence utile dans le nouveau monde, d’autre part parce qu’elle n’existe que parce que les masses qui « font » sont contraintes de passer par elle.

    MAIS continuez à labourer.

    Cdlt.

    1. C’est bien contre ces forces puissantes que nous luttons AVEC SUCCES depuis 3 ans. Et si vous pansiez vos blessures et que nous envisagions la reconquête par la méthode du « pas de côté » que nous proposons ? 😉

      1. Pas de blessure, je n’ai pas souscris à cette mascarade de dé-précarisation : j’ai vu les dégâts que cela a fait et cela m’attriste pour eux.

        Je pratique une autre forme de pas de côté moins visible que vos startups mais qui commence à faire école dans les têtes. Mon poste actuel me le permet.

        Le problème de tout cela est le passage à l’échelle : tant que la caste des manageurs de droit ne se sent pas menacée elle laissera faire les startups.

        Logique, c’est au dehors et non dedans et cela représentent quelques poussières du périmètre sous tutelle, mais que l’on tente la généralisation et là ce sera la guerre.

        Bonne croisade.

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