Petit échauffement avant de découvrir ce que cache ce titre abusivement racoleur : écoutons l’astronaute Neil Armstrong venu en 2010 nous parler de management dans le contexte du projet pharaonique de conquête de l’espace. Invoquant Saint-Exupéry :
Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer.« ,
Il nous montre que cette entreprise a plutôt été gérée dans une recherche d’autonomie et de responsabilisation des équipes que dans le classique diviser/commander/contrôler cher à nos organisations publiques ou privées dès qu’elles dépassent les 100 personnes.
Nous n’allons pas dans cette chronique honnir ad nauseum le sens de l’intérêt général absent des grandes entreprises, critiquer le poids disproportionné que l’on a bien voulu donner aux fonctions d’encadrement, de contrôle, de planification ou de coordination, ni condamner le sport (inter)national qui consiste à découper la moindre responsabilité de sorte que personne ne puisse réellement endosser quelque objectif tangible comme retrouver un emploi le plus rapidement (Pôle Emploi) ou amener 95% d’une classe d’âge en 6e en sachant lire, écrire et compter (Ecole primaire).
Indignez-vous ! OK, c’est déjà fait (voir Tous Bureaucrates !).
Place à l’action. Et avant l’action, il y a le rêve, ce n’est pas Martin qui me contredira.
Un rapport de l’Inspection Générale des Finances daté d’avril 2011 sur les services publics de l’Emploi en France, en Allemagne et en Angleterrre m’a permis de faire un très beau rêve (en fait je me suis endormi à la première lecture, mais comme je suis sympa le lien est la version courte pour les nuls, c’est à dire vous et moi, mais plutôt vous quand même).
Le lecteur attentif notera page 18 l’éclatante différence entre les 3 dispositifs : leur mode de pilotage. Par les moyens côté Français (22 indicateurs d’activité ou de production pour 3 indicateurs de résultat et 0 de satisfaction). Par les résultats côté panzer division et brûleurs de pucelles (respectivement 3 et 4 indicateurs de production pour 13 et 2 indicateurs de résultat !). En clair, on se réjouira en France qu’un conseiller produise 18 entretiens par jour, alors que cela laissera nos voisins totalement indifférents, car plutôt soucieux d’objectifs comme le taux de retour à l’emploi à 3 mois, à 6 mois …
L’étude dénote que nous sommes 21 Equivalent Temps Plein (ETP) pour 1000 chômeurs en France (62 000 ETP répartis dans 8 organismes, les 3/4 à Pôle Emploi), ce qui est identique à la perfide Albion, et moitié moins que les casques pointus (42 ETP). En y regardant de plus près, ce chiffre n’est pas très intéressant car il n’intègre pas l’achat de prestations : 350 M€ en Allemagne et chez nous, le triple au U.K. Ce qui ajoute quand même entre 10 000 ETP et 30 000 ETP.
Terminons donc le calcul entamé par nos sympathiques énarques : France 25 ETP pour 1000 chômeurs, Angleterre 35 et Allemagne 45. France la plus économe ! Mais aussi discrètement première en bureaucratie : 32% de « supervision, support, autres effectifs » (vous avez bien lu, un tiers !!), 24% chez les footballers indélicats et à peine 17% chez les tricheurs au Rugby.
Maintenant fermons les yeux, éteignons les grosses machines, le serveur vocal labyrinthique, les masses de courriers inutiles, les conseillers anonymes « vous êtes pas au bon service », les organigrammes courageusement protégés par de tatillons chefs de service, la lutte à mort entre le pôle DGPF/DCRE/POCRI/FSG/GIT et le département CGIDF/RAER/SAA/SDEC et cherchons, comme Saint-Exupéry, à imaginer ce que pourraient bien faire 25 personnes totalement autonomes en charge de 1000 chômeurs, avec pour seul objectif leur retour à l’emploi … 1 personne pour 40 chômeurs, alors qu’il n’y a plus aujourd’hui qu’un conseiller pour 150 demandeurs d’emploi.
Et bien je vais vous laisser là, à l’imaginer vous-même. Car la suite personne ne la connait et ne peut la connaître vraiment. En discuter va invariablement terminer en bataille de prospective stérile. Le seul moyen de l’imaginer, c’est d’essayer, sur un petit territoire, avec une équipe volontaire. On ne risque pas grand chose, et comme Apollo avant d’arriver sur la Lune, on fait péter des pétards, puis des plus gros, puis des fusées qui volent, puis des hommes qui marchent sur la Lune …
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